Définition(s)

“[T]here is nothing we can say about the scale and matter typical of novels that cannot be matched […]

in non-literary narrative fictions such as movies and TV serials.”

(David Lodge. The Novelist at the Crossroads, 64-65)

 

Michel Serceau définit l’adaptation littéraire par la notion de « dialogue » entre les deux supports médiatiques que sont le roman et le film [1] et, avec lui, de nombreux auteurs ont proposé de définir ce qu’est une adaptation. Posons d’emblée les caractéristiques de celle-ci telles qu’elles sont présentées par Marie-Claire Ropars :

« Un film peut être littéraire par son sujet, son public, son réalisateur, ce qui a une signification plus sociologique que proprement esthétique ; il peut l’être aussi par ses emprunts à des romans ou à des pièces – éternelles trahisons dont il est grand temps de lever l’hypothèque ; il peut l’être enfin par l’injection forcée de procédés littéraires dans les composantes de l’expression-parole, ou même image. » [2]

Lire la suite...

David Lodge et l’adaptation

Si l’on ne peut aborder l’œuvre de David Lodge en marge de ses travaux critiques, il est également intéressant de le faire en fonction des différents media qu’il utilise : adaptation filmique ou, plus récemment, adaptation théâtrale de ses propres romans (Secret Thoughts, 2011), l’engagement de l’auteur envers l’adaptation littéraire se fait, en effet, de plus en plus marqué.

Ce qui illustre en premier lieu un trait essentiel de son écriture : la définition d’une pratique artistique vue essentiellement comme moyen de communication envers un lectorat et un public qu’il souhaite le plus large possible. Si ce trait est déjà caractéristique de ses romans, de sa critique, il l’est également de son utilisation de différents supports fictionnels.

Lire la suite...

« De la page à l’écran : Nice Work de David Lodge »

« Ecrire, c’est inventer des images.
Filmer, c’est écrire autrement »*

Le terme « itinéraire(s) » semble on ne peut plus approprié lorsqu’il s’agit d’aborder le roman Nice Work de David Lodge et son adaptation télévisuelle. C’est-à-dire non seulement le chemin parcouru lors du passage de l’écrit à l’écran mais également les nouveaux itinéraires de lecture, qui s’offrent au lecteur devenu spectateur. Ainsi, en choisissant d’adapter lui-même ce roman, l’écrivain ne se situe plus uniquement « à la croisée des chemins » (titre justement choisi par Marc Amfreville pour traduire le titre du célèbre essai lodgien « The Novelist at the Crossroads » mais aussi « à la croisée des media… »

Lire la suite...

“Betty Fisher et autres Histoires”.

Entretien avec Claude Miller

C’est dans les bureaux des « Films de la Boissière » que cet entretien avec Claude Miller a eu lieu le 11 janvier 2002. L’occasion pour le cinéaste d’évoquer les relations parfois ambiguës qu’entretiennent écriture romanesque et écriture filmique, et plus spécifiquement son film Betty Fisher et autres histoires, adapté du roman de Ruth Rendell, The Tree of Hands.

Sophie Gaberel-Payen : Vous semblez beaucoup apprécier la littérature anglo-saxonne notamment pour son mélange des genres. Vous avez adapté, entre autres, des romans de Patricia Highsmith, John Wainwright, Ruth Rendell. Dans Betty Fisher et autres histoires vous faites même un clin d’œil à l’auteur (lorsque Alex se rend dans la bibliothèque pour chercher de l’argent après que sa maîtresse fut partie) et l’on voit apparaître un livre portant le nom de Ruth Rendell…

Claude Miller : Ah, oui. C’est une chose qui est arrivée (je crois que ce n’était même pas dans le scénario), en repérant le décor. Il y avait un endroit où il y avait une bibliothèque et je me suis dit que ce serait amusant : un coup de chapeau et un hommage à Rendell. C’est ce que je me suis amusé à faire.
Sinon, les romans anglo-saxons, je m’en rends compte depuis peu, ce n’était pas du tout conscient de ma part. Mais il y a une raison qui me paraît assez simple qui est que, par tradition (en tout cas au 20ème siècle, il me semble), la littérature anglo-saxonne est assez phénoménologique.

Lire la suite...